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Burnout parental comment s'en sortir ?

Dernière mise à jour : 12 nov. 2021


Devenir parents est devenu pour la plupart de nous un choix et même un idéal de famille. On choisit le moment le plus propice pour concrétiser ce vœu et bien avant la naissance de notre enfant nous imaginons notre famille idéale. La parentalité est vue comme un accomplissement, le prolongement de nous, nous projetons nos rêves, nos envies, nos espoirs sur ce petit être en devenir. La société, les médias, internet nous montre ce bonheur de devenir parents et effectivement il y a de grands moments de joie, mais on oublie de nous dire qu’il y aura aussi des difficultés à surmonter. Les magazines, les blogs sur la parentalité poussent comme des champignons et avec eux une liste de conseils pour être de bons parents. Et si certains parents arrivent à garder le cap, vaille que vaille, d’autres flanchent,

on parle de burnout parental.

Si le terme burnout est bien connu désormais dans le monde du travail, celui qui touche la parentalité est plus récent et souvent mal compris. Comment se peut-il qu’un parent soit épuisé, triste, pessimiste, alors que tout le monde s’attend à une explosion de joie, devant la chance d’être parent !




Comment se manifeste le burnout parental ?


On ne tombe pas en burnout parental du jour au lendemain, le mal s’installe souvent insinueusement. Il ne s’agit pas d’un simple épisode de fatigue, mais bel et bien d’un trouble.

Le burnout survient quand, à un moment donné, la somme des stresseurs dépasse la somme des joies et les capacités d’adaptation du parent.

Il s’agit donc d’une double rupture de l’équilibre : entre l’équilibre stress / joie et de l’équilibre stresseurs / capacité d’adaptation.

On trouve essentiellement l’origine et les manifestations de ce mal dans la sphère familiale. Ceci explique que les parents trouveront certaines fois dans leur travail une échappatoire et seront épuisés, vidés à la seule idée de rentrer chez eux.

Le burnout parental à comme point commun avec l’épuisement professionnel d’être tridimensionnel. Effectivement nous y retrouvons l’état d’épuisement physique et émotionnel, une distanciation affective par rapport aux enfants et une perte d’efficacité.


  • L’épuisement est souvent le premier signe, il ne s’agit pas d’une simple fatigue passagère, mais d’un état d’épuisement qui peut se manifester soit par un sentiment de ne pas pouvoir faire face, par une fatigue accablante, par un sentiment de déconnexion, etc... « J’ai l’impression d’être entièrement vidée de mon énergie. Je n’ai plus de patience, crie facilement, je suis à bout, en un mot, je n’en peux plus… » la fatigue émotionnelle et physique des mères Odile jacob.

Epuisement physique et émotionnel

  • A la différence du burnout professionnel où la personne va chosifier son entourage professionnel, le parent en burnout ne va pas déshumaniser son enfant. Par contre, il va progressivement se désinvestir dans sa relation avec l’enfant, pour ne réaliser que les actes primaires nécessaires, comme nourrir, laver… et se déconnecte de toutes interactions émotionnelles pour gérer le quotidien. Le parent pour faire face à la fatigue met en place un mécanisme de défense, il peut ainsi réaliser les tâches matérielles. Cependant ce comportement est dysfonctionnel, il ne permettra pas de récupérer en énergie et peut augmenter la probabilité de négligence envers les enfants. La relation parent/enfant se détériore.


  • Le parent perd l’envie et le plaisir d’être avec ses enfants. Son image en tant que parent se dégrade, Il ne se trouve plus efficace. Ce sentiment de ne pas s’épanouir et d’être nul en tant que parent résulte de l’épuisement ou de la distanciation affective.


D’autres signes peuvent faire penser au burnout parental : La personne devient irritable, elle est en colère régulièrement et gère mal ses émotions. Elle peut se réfugier dans des addictions pour oublier son quotidien (alcool, achats compulsif, jeux…). Les relations conjugales peuvent se détériorer et la baisse de désir qui est fréquente lors de la présence de stress chronique peut aggraver la situation. Les maladies psychosomatiques peuvent faire leur apparition, le corps exprime le mal-être émotionnel (insomnie, migraines, mal de dos, problèmes digestifs…).

L’entourage pourra constater un changement de comportement chez le parent, et en particulier le contraste entre le parent qu’il était avant et celui qu’il est devenu. C’est à ce stade que l’entourage peut être d’une aide précieuse, car en voyant le changement il peut aider le parent à prendre conscience de son état, le soutenir et l’inviter à chercher de l’aide.

Trouver de l'aide

Il est effectivement important de demander de l’aide, car à la différence du burnout professionnel où il est facile de s’éloigner de la source du problème avec un arrêt maladie, il est impossible pour le parent de quitter ses enfants.







Avant la chute, le sommet !


Le burnout parental n’arrive pas du jour au lendemain, il est le plus souvent précédé par une période très haute (le burn-in), pendant laquelle le parent met une énergie incroyable dans son rôle parental, en négligent de recharger ses batteries.


Cette période est constituée de plusieurs phases :


  • La phase 1 débute par la recherche d’un idéal inatteignable, le parent a une image bien définie de la famille parfaite, souvent très éloignée de la réalité.

Cette recherche peut être dictée par différentes sources :

-Le parent essaye de réparer les manques et les blessures qu’il a subis dans sa famille durant son enfance.

-Le regard négatif que peut porter la société sur certains types de famille, amène le parent à prouver à la société que sa famille est parfaite (parent solo, homosexuel, de couleur, pauvre…).

-Aujourd’hui les médias, réseaux sociaux…montrent une image déformée de la famille, où tout serait parfait, ce qui a pour effet d’augmenter la pression sociale sur les parents.


  • Durant la phase 2, le parent va essayer d’atteindre l’objectif de la famille idéale, il va surinvestir sa parentalité. Le parent met toute son énergie au profit des différents domaines concernant la famille. Pendant cette phase l’investissement est compensé par le bonheur et par la sensation d’être indispensable, cette sensation peut avoir un effet pervers, le parent risque de ne pas pouvoir ou ne pas vouloir déléguer.


  • Pendant la phase 3, le parent va encore plus loin en se sacrifiant. Dans cette phase le parent occulte ses limites et ses besoins, il ne les remarque même plus. Sa vie ne tourne plus qu’autour de ses enfants, il n’est plus qu’un père ou une mère.


  • Lors de la phase 4, le parent sent une frustration qui ne fait que grandir et qui pourra même aller jusqu’à l’amertume. Cette frustration peut venir de différentes sources ; le parent prend conscience que ses efforts ne sont pas récompensés à la hauteur de ce qu’il espérait. Il voit ce à quoi il a renoncé pour ses enfants et peut souffrir d’un manque de reconnaissance de ses enfants, de son conjoint voire de la société en général.


  • La phase 5 est critique, le parent sent une perte d’énergie importante. C’est à partir de cette phase qu’il est urgent de réagir, le risque étant de tomber en épuisement parental.

Je craque

Le parent ressent la fatigue accumulée, il prend conscience de tous les sacrifices qu’exige son rôle de parent. L’écart se creuse entre ses désirs et la réalité. Il essaye de garder le cap, mais certains symptômes apparaissent : fatigue, pessimisme, conflit et renfermement.

C’est à ce stade que l’entourage peut remarquer des changements dans les comportements du parent en difficulté.


Même si les parents connaissent à des degrés différents le burnin, la plupart ne tombent pas en burnout parental, heureusement. Cependant il est important de réagir pour éviter de tomber dans la prochaine phase, « le burn-out »




Existe-t-il des facteurs qui augmenteraient le risque de basculer ?


Il faut différencier les facteurs qui auront un impact direct sur le parent, (facteurs proximaux) et ceux dont l’effet est indirect, (facteurs distaux).

Les difficultés personnelles représentent des facteurs directs. Par exemple : l’atteinte d’une maladie chronique ou létale qui entrave le rôle parental, une histoire familiale douloureuse qui a laissée de nombreuses carences affectives et une instabilité émotionnelle, le degré de différence entre notre idéal parental et la réalité, un niveau de compétence émotionnelle basse et une mauvaise gestion de son stress sont des facteurs de risque importants.

Dans le même ordre d’esprit un couple rencontrant des difficultés dans leur coparentalité ou dans leur relation conjugale augmente les facteurs de risque.

conflits

Il y a aussi les risques éducatifs, en particulier une éducation présentant certains critères : Le parent n’est pas constant dans les punitions, il utilise des punitions corporelles et psychologiques sévères, il veut avoir le dernier mot en aggravant la situation. L’enfant peut également être d’un tempérament difficile, il peut souffrir de problèmes de santé ou être porteur d’un handicap.

D’autres facteurs sont présents mais cependant avec un niveau de risque moins élevé. Comme par exemple l’âge et le nombre d’enfants, la nature de la sphère familiale, le lieu d’habitation, l’âge des parents, le niveau d’étude des parents, etc…




Pas tous égaux ?


En regardant la listes des facteurs de risques, on se demande pourquoi il n’y a pas plus de parents en burnout. Effectivement la plupart des parents vivent une parentalité épanouie malgré la présence de certains facteurs. Les études l’expliquent avant tout par le fait que nous n’avons pas tous la même résistance au stress en général, cela serait dû à des différences génétiques et à notre parcours de vie.

l'équilibre

Il faut imaginer notre parentalité comme une balance qui cherche constamment l’équilibre. Si nos facteurs de protection restent plus nombreux que nos facteurs de risque tout va bien, mais plus on arrive vers le déséquilibre, plus le risque de pencher vers l’épuisement est grand.

Nous trouvons les ressources dans tous les domaines : dans une parentalité positive, dans une vie professionnel enrichissante, dans un cercle familial et amical satisfaisant, dans une vie conjugale équilibrée.

On comprendra donc qu’il est important de diminuer les facteurs de risque, mais que le développement de nos ressources l’est tout autant.

Le travail thérapeutique prend ici tout son sens pour rééquilibrer la balance !




Agir pour diminuer le risque de chuter !


Il faut dans un premier temps être conscient que quelque chose ne va pas, l’entourage peut aussi sentir que la personne est en train de changer de comportement, elle devient plus irritable, les moments de partage deviennent rares et insatisfaisants, la personne s’oublie…

Quand il y a une prise de conscience, la meilleure façon pour ne pas s’isoler et ne pas se culpabiliser est d’en parler autour de soi ou à un professionnel, on normalise ainsi la situation. On prend conscience que l’on n’est pas seul à vivre cette situation.

Il sera nécessaire ensuite de faire un travail personnel accompagné ou non. Ce travail devra viser à rééquilibrer la balance facteurs de protection/facteurs de risque.

Pour avoir une plus grande efficacité dans la modification des facteurs, on pourra se concentrer sur les critères des facteurs les plus pertinents. Les facteurs malléables par exemple, ou ceux sur lesquels nous exerçons un certain contrôle, ceux qui auront une action directe sur notre parentalité, ceux qui présentent le meilleur cout/bénéfice. Le parent pourra donner la priorité aux facteurs cibles qui l’affecte le plus et ceux qui ont la faculté de provoquer des effets bénéfiques en cascade.

Il sera donc important de privilégier les facteurs personnels, conjugaux et éducatifs. Ce sont en effet les facteurs malléables proximaux sur lesquels on peut exercer un certain contrôle et dont les effets bénéfiques en cascades sont réels.

Coparentalité épanouie











Il est également important de désigner dans cet ensemble, les 3 facteurs qui affectent le plus le parent et dont le rapport cout/bénéfice, semble le meilleur.



Par exemple :

  • Rétablir une image plus juste de la parentalité et ainsi améliorer l’image de soi en tant que parent, tant vis-à-vis de soi que de son conjoint et de ses propres enfants. Le parent pourra changer de regard sur les interactions et les comportements de ses enfants, mais également reconstruire une relation parent-enfant positive

  • faire face à deux, en donnant de la place à la vie de couple, en partageant les tâches familiales de façon juste, en rétablissant une coparentalité plus harmonieuse.


  • Le parent s’entraînera à développer ses compétences émotionnelles, ainsi il pourra mieux comprendre, exprimer, gérer ses émotions et celles des autres, il sera ainsi plus à l’écoute de ses besoins et ceux de sa famille.


  • Mettre en place une gestion du stress, en cherchant à prévenir les situations sources de stress, en particulier en acceptant de ne pas se battre sur tous les fronts ; en essayant de modifier les stresseurs que l’on ne peut supprimer, de manière à diminuer le stress qu’ils induisent ; et en changeant notre perception face au stress, en diminuant les pensées, les émotions, les comportements qui l’alimentent.



Conclusion :


Le burnout parental reste méconnu au sein même de la communauté médicale et pourtant il est probable qu’il devienne un mal de notre siècle, dont nous commençons à peine à prendre conscience.

Il est important que se libère la parole autour de ce sujet qui reste tabou, pour que les personnes qui en souffrent trouve une aide adaptée. En effet les signes du burnout parental peuvent faire penser à la dépression ou au burnout professionnel, et pourtant ce mal ne touche pas la vie dans son ensemble, ni la sphère professionnelle, il s’agit d’un phénomène contextualisé à la parentalité.

L’épuisement parental touche la sphère familiale, une mauvaise prise en charge peut fragiliser la personne qui voit son épuisement toucher d’autres secteurs et à la longue le risque de sombrer dans la dépression est réel. Il est important qu’un diagnostic juste soit posé et que la prise en charge soit précoce, pour pouvoir donner toutes les chances à la personne de retrouver le chemin du bien-être et d’une parentalité épanouissante.


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